Auteur : Stéphane Servant

Éditeur : Rouergue

Collection: doAdo

Août 2013

Couverture illustrée en couleurs, 541 pages, 14 x 20.5 cm

ISBN : 978-2-8126-0558-1

Prix : 17,50 €

Genre : récit de vie

Thèmes : secret de famille, identité, femme, superstition, louve

Age conseillé par la Bnf, La joie par les livres : à partir de 13 ans

Quatrième de couverture :

Célia est arrivée seule, à la fin de l'été.
Livrée à elle-même dans la vieille maison, elle attend sa mère. Le village est toujours pareil, perdu au fond de la vallée, avec ses montagnes couvertes de forêts et son lac Noir.
Leur retour réveille de vieilles histoires.
Celles d'une grand-mère à la réputation sulfureuse.
Car ici, tout le monde se connaît depuis toujours.
On s'aime trop ou on se hait et ce sont les hommes qui font la loi, par la force s'il le faut.
Pour découvrir ce qui se cache sous la surface des choses, elle devra se tailler un chemin, entre mensonges et superstitions.
Et se faire louve pour ne pas être proie.

Mon avis personnel, à moi :

Waouh !
Voilà ce qui me vient à l'esprit en refermant ce livre.
Je connaissais Stéphane Servant pour ces beaux albums, notamment en collaboration avec Ilya Green (Nos beaux doudous, Le masque, Ti Poucet...), là je découvre le romancier. Et quelle découverte.
Ce roman touffu, aborde de nombreux sujets avec délicatesse, poésie et sensibilité.
Il y est question de femmes, de leurs vies, de leurs combats pour gagner et garder leur liberté, de leurs douleurs, de leurs souffrances.
Il y est question de l'âme des hommes, prêts au pire pour garder leur pouvoir, pour faire de leur vérité LA vérité.
Il y est question de secret de famille.
Il y est question de recherche de soi, d'identité.
Il y est question de justice et d'injustice.
Il y est question de louves...
Tout cela raconté à travers trois générations de femmes.
Il y a Célia, la plus jeune, abandonnée par son père et qui peine à s'en remettre, qui se sent également délaissée par sa mère, la Grande Écrivaine ; qui part à la recherche du passé, à la recherche de son identité.
Il y a Catherine qui écrit ou plutôt essaie de continuer à écrire et sombre désespérément dans la folie, se jetant dans les bras d'hommes qui la laissent brisée, cassée.
Et il y a Tina, la grand-mère de Célia. Tina qui dès son jeune âge a connu l'abject, l'impensable, l'impitoyable cruauté des hommes. Tina qui a tout mis en œuvre pour se sortir de cette spirale infernale imposée par la loi des hommes. Elle n'a cessé de combattre pour sa liberté. Elle a affronté ceux qui voyait en elle une sorcière, une putain pour son avenir et celui de sa fille Catherine.
Tout ce passe en huis clos, dans un petit village perdu dans la montagne ; ce genre de village où tout le monde se connaît, où certains règnent en maîtres et imposent leurs désirs, leur vision de la vie. Où se colporte les superstitions, les histoires, les légendes...
C'est surtout l'histoire de Célia et de Tina que l'on découvre dans ce roman. J'avoue que parfois j'ai lu plus rapidement les chapitres concernant Célia tant j'avais envie d'en savoir plus sur sa grand-mère. Cette femme que l'on a essayer de briser, cette femme courageuse, vive et intelligente. J'ai aimé ce personnage qui est, pour moi, une véritable héroïne.
Entrer dans ce roman, c'est entrer dans la vie de ces femmes, vivre, ressentir, aimer, souffrir et combattre avec elles.
Mais ce roman parle aussi des hommes, de leur façon de faire régner la terreur, de justifier leurs actes les plus honteux, d'en arriver à d'abominables extrémités...
Je n'arrive pas à trouver les mots pour décrire ce que j'ai ressenti à la lecture de ce roman. La colère, l'amour, l'injustice... tout cela est raconté si habilement. L'écriture de Stéphane Servant est magnifique, elle sait se faire délicate ou, au contraire rude selon la situation. Mais elle reste toujours empreinte d'une grande sensibilité.
J'ai vraiment adoré ce roman, j'ai aimé ces femmes ; j'ai aussi haï ces hommes poussés à l'injustice, à la férocité par la vie. J'ai vécu dans ce village perdu avec tous ces personnages si fouillés qu'on à l'impression de les connaître.
Ce roman, qui ne me tentait pas du tout au départ, restera  pourtant comme l'un de mes plus grands coups de cœurs !
Pour les grands ados mais aussi pour les adultes. Un roman qui dit comment, pour survivre et garder sa liberté, le petit chaperon rouge doit se transformer en... louve.

5/5

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